Etre senior en Asie : une autre vision de l’avancée en âge
Les différences culturelles sont partout, même dans les rapports entre les générations. En Asie, plus on avance en âge, plus on est considéré et écouté : l’expérience fait gagner en sagesse et les asiatiques mettent un point d’honneur à respecter le grand âge.
Des générations bien distinctes et qui se mélangent peu
Les sociétés asiatiques sont dites de groupe, contrairement aux sociétés occidentales qui placent l’individu et sa réalisation personnelle au centre des préoccupations. En Chine, au Japon, en Corée, le groupe passe avant l’individu : c’est le cas aussi dans la famille. Ce phénomène crée des sociétés de hiérarchies très ancrées. Les personnes âgées sont au sommet de cette pyramide sociale, en raison de leur grande expérience et de ce qu’elles ont apporté aux générations plus jeunes. Cela crée aussi une certaine imperméabilité entre les différentes couches sociales et générationnelles : on ne fréquente généralement que des personnes de son âge, en-dehors du travail et de la famille. Ce sont précisément ces différences qu’a tenté d’effacer le communisme dans de nombreux pays asiatiques, notamment en utilisant le titre de “camarade” pour désigner chaque individu, quel que soit son âge.
Etre senior en Asie, c’est comment ?
C’est bien simple : plus vous avancez en âge, plus vous serez considéré comme “supérieur”. Ainsi, impossible pour un jeune de 20 ans de tenir tête à ses parents, encore moins à ses grand-parents. Impossible non plus pour un agent ferroviaire de demander à une personne âgée de changer de siège ou de wagon.
Les grand-parents sont souvent considérés comme chefs de famille jusqu’à leur mort et prennent en charge une grande partie de la vie familiale. Il n’est pas rare, en Chine ou en Corée, de voir des grand-parents s’occuper de leurs petits-enfants après l’école, les aider à faire leurs devoirs, bref, gérer toute la vie de la maisonnée jusqu’au retour des parents.
En Asie, on ne vieillit pas en maison de retraite ou en établissement spécialisé. Bien que les personnes âgées quittent rarement leur logement historique, ce sont les enfants qui les accueillent et les prennent en charge si elles perdent leur autonomie. Les familles mettent un point d’honneur à s’occuper de leurs aînées elles-mêmes.
L’impact sur la langue et l’influence de l’Occident
On l’a vu, vieillir en Asie est synonyme de sagesse, de respectabilité et d’expérience. Cela s’observe jusque dans la langue. En Chine, lorsque l’on s’adresse à une personne âgée, on la désigne sous le nom de 大爷, c’est-à-dire “grand seigneur”. L’adjectif “vieux”, dans toutes les langues asiatiques, n’est jamais péjoratif : il s’utilise avec sympathie, toujours pour honorer les aînés. Il peut aussi s’employer pour désigner certaines professions : professeur se dit 老师 (vieux professeur), patron se dit 老板 (vieux patron)…
Bien que les échanges culturels entre l’Asie et l’Occident soient de plus en plus étroits, la vision du grand âge en Extrême-Orient reste globalement inchangée : les personnes âgées méritent le respect, elles sont socialement et humainement considérées comme supérieures. Elles continuent à s’investir dans la vie de famille de leurs enfants et finissent généralement leur vie à leurs côtés : une vision bien différente de celle que nous connaissons en France et en Europe.