Livres : nos favoris du mois de février

En cette rentrée littéraire d’hiver, de nombreux auteurs sont attendus au tournant : Karine Tuil, Eric Vuillard, David Foenkinos… Nahomag’ vous présente ses livres favoris du début de l’année.

La décision de Karine Tuil (Gallimard)

Elle est l’auteure à succès des Choses humaines, adapté au cinéma par Yvan Attal. Dans La décision, elle s’illustre à nouveau dans les scènes de procès et de plaidoiries. En 2016, la juge Alma Ravel traverse une crise personnelle : son mari est un écrivain sur le déclin et son amant est l’avocat qui défend un mis en examen, suspecté d’avoir rejoint l’Etat islamique en Syrie. Alors qu’Alma doit se prononcer sur le sort de ce jeune homme, dilemmes professionnels, moraux et personnels s’emmêlent, au risque de bouleverser sa vie et celle de son pays. Ce roman est un plongeon en apnée dans le quotidien des juges d’instruction anti-terroriste. Malgré un sujet qui pourrait, à premier abord, paraître un peu sec, Karine Tuil y insuffle espoir et beauté et en montre le visage le plus humain. 

Pourquoi on aime ?
Pour la plume de l’auteure, qui maîtrise parfaitement le vocabulaire juridique et le champ lexical des plaidoiries. Pour le sujet, peu connu du grand public, de la lutte de la loi française contre le terrorisme.

Numéro deux de David Foenkinos (Gallimard)

Harry Potter est la saga la plus rentable de l’histoire du cinéma. Tout le monde connaît, de près ou de loin, les aventures du jeune sorcier. Et vos enfants ou petits-enfants ont probablement grandi avec les visages familiers de Daniel Radcliffe ou Emma Watson, qui ont incarné les personnages de J. K. Rowling pendant près de dix ans. En 1999, un immense casting est lancé afin de trouver le petit garçon qui jouera Harry Potter. Des centaines de jeunes acteurs furent auditionnés et la production en retint deux. Dans son nouveau roman, David Foenkinos imagine l’histoire du malheureux Martin Hills, celui qui ne sera finalement pas retenu et vivra toute sa vie avec le spectre du succès des films et la déception de n’avoir pas été choisi. 

Même si vous n’êtes pas familier de l’univers de Harry Potter, ce roman parle bien plus des hasards de la vie et des regrets que de mondes magiques. Une pure fiction inspirée de faits réels (il y a bien eu deux acteurs en lice pour le rôle), qui parlera à tous les publics. 

Pourquoi on aime ?
Pour la justesse avec laquelle David Foenkinos traite du regret et des incessants “et si ?” qui peuvent miner une vie. Un roman qui se dévore sans modération !

Une sortie honorable d’Eric Vuillard (Actes Sud)

Après son Goncourt pour L’ordre du jour, Eric Vuillard livre un nouveau récit historique, sur un épisode peu connu du grand public : la fin de la guerre d’Indochine, qui sonne définitivement le glas de l’empire colonial français. Ce livre court mais intense nous raconte minutieusement la débâcle française en Indochine, une des plus longues guerres modernes, placée sous le signe de la lutte contre le communisme. A travers un champ de bataille, l’Assemblée nationale, un plateau de télévision, le siège de la banque d’Indochine, Eric Vuillard déroule l’Histoire avec un grand H et dénonce plus que jamais la violence et les horreurs de la guerre, en ironie avec le titre même du roman. 

Pourquoi on aime ?
Pour découvrir les coulisses de la défaite française en Indochine, qui posera les bases d’un autre conflit meurtrier : la guerre du Vietnam.

Les méduses n’ont pas d’oreilles d’Adèle Rosenfeld (Grasset)

Louise est une jeune femme malentendante : sourde d’une oreille, seul son tympan droit lui permet de capter les sons. Dotée d’une imagination hors normes, la jeune femme s’accomode de ce handicap en remplissant les silences de lumière et d’histoires fantasques : un herbier sonore, un soldat de la Première Guerre Mondiale, un botaniste loufoque… Malheureusement, son audition diminue drastiquement et sa surdité se heurte aux grands changements de la vie : une amitié perdue, un premier amour, un premier travail… Son ORL lui propose alors un implant, une audition synthétique qui changera sa manière d’entendre et sera irréversible. Comment se décider, lorsqu’on a vécu toute sa vie dans un demi-silence rassurant qu’on peuple d’images et de rêves ? Avec ce premier roman, Adèle Rosenfeld explore les limites du langage et la puissance de l’imaginaire. Une véritable plongée dans la vie des sourds et des malentendants, toute en poésie et en délicatesse. 

Pourquoi on aime ?
Pour l’humour tendre et sensible, distillé de page en page. Pour cet apprentissage de la vie hors normes, qui appelle à la douceur et à la tolérance.