Nomadland : ces seniors américains qui vivent sur la route
Qu’est-ce que le “Nomadland” ? Ce phénomène de néo-nomadisme, qui s’est développé aux Etats-Unis, concerne surtout les populations retraitées. Ces nouveaux seniors, mobiles, autonomes et solidaires, ne cessent de fasciner.
1. Les villes abandonnées aux États-Unis
C’est aux Etats-Unis qu’est né le néo-nomadisme des seniors. Plusieurs facteurs ont poussé ces retraités, souvent précaires, à prendre le volant et la route. Dans plusieurs Etats, jadis industriels, la délocalisation d’usines et de sites de production en général peut avoir un impact considérable sur le destin des habitants. Certaines petites villes, entièrement dépendantes de l’activité d’un Ford ou d’un General Electric, ont perdu jusqu’à leur code postal et leurs petits commerces. Même après la fin de leur carrière, les seniors y ont la vie dure et doivent généralement se rapprocher de leur famille ou trouver un nouveau travail.
2. Des retraites trop basses qui forcent les seniors à opter pour des emplois saisonniers
Aux Etats-Unis, les retraites ont été particulièrement impactées par la crise de 2008, conduisant de nombreux seniors à se trouver de nouveaux jobs, au risque de finir dans la précarité. La journaliste américaine Jessica Bruder a suivi pendant 3 ans des nomades seniors, ruinés après la crise financière de 2008. Son enquête a donné lieu à un livre : Nomadland. Ces seniors faisant face à la crise du logement décident parfois de renoncer à la sédentarité et aménagent vans et autres véhicules en maisons sur roues. Si certains peuvent ainsi continuer à vivre de leur pension de retraite, d’autres se voient contraints de reprendre un emploi, souvent saisonnier et à bas coût. Amazon, par exemple, emploie un grand nombre de ces néo-nomades dans ses entrepôts et fournit aujourd’hui de grandes aires de camping pour accueillir les vans de ces travailleurs d’un nouveau genre.
3. Vivre sur la route, une autre manière de vieillir et une communauté solidaire
Si la majorité des seniors nomades le sont devenus par précarité, ils se sont vite organisés en communauté et ont fait de ce nouvel habitat un mode de vie à part entière.
La vie « sur la route » est parfois dure, mais c’est aussi une autre manière de vieillir, de continuer à travailler tout en étant mobile, et ce sur l’ensemble du territoire américain. C’est également une forme de retour à la « wildlife » (la nature « sauvage »), un idéal américain centré sur l’appréciation de la nature, des paysages – notamment des Grandes Plaines. Enfin, les néo-nomades forment aujourd’hui une communauté solidaire, qui s’entraide, malgré les vicissitudes de cette vie. Ce néo-nomadisme correspond donc à un style de vie à l’américaine, que l’on peut voir dans des conditions bien différentes à travers le roman de Jack Kerouac, Sur la route. Pour les seniors concernés, c’est aussi une manière de vivre pour moins cher, et de conserver des conditions de vie relativement décentes.
4. À voir : le film Nomadland de Chloe Zhao
Si le sujet vous intéresse, nous ne pouvons que vous conseiller de visionner le film de la réalisatrice oscarisée Chloé Zhao : Nomadland (inspiré de l’enquête éponyme de Jessica Bruder). C’est le troisième film de la réalisatrice d’origine chinoise. Y jouent Frances McDormand, David Strathairn… Mais aussi quantité de seniors américains vivant eux-mêmes sur la route. Et si vous n’avez pas eu votre dose de panoramas majestueux, nous vous recommandons son deuxième film : The Rider, qui porte sur les difficultés du rodéo contemporain.