Vivre l’avancée en âge en Afrique
L’Afrique est un continent jeune, marqué par une démographie croissante. Et l’avancée en âge n’est pas une priorité politique pour la plupart des Etats africains…
Une espérance de vie en constante augmentation
Si l’Afrique se caractérise par une démographie jeune, le nombre de personnes de plus de 60 ans croît d’année en année. L’espérance de vie a gagné six à onze ans depuis les vingt dernières années, grâce à l’amélioration des soins, mais aussi à la réduction de la pénibilité du travail. Le développement économique impacte tout le continent et la population senior est de plus en plus nombreuse. Cette évolution fait émerger de nouveaux usages et un nouveau rapport à l’avancée en âge.
Néanmoins, la plupart des gouvernements africains ont des difficultés à mettre en place des politiques ciblées pour soutenir les personnes âgées, préférant soutenir la scolarisation des enfants et l’insertion des jeunes sur le marché du travail. Les retraites sont généralement limitées et réservées à certains corps de métier comme la fonction publique.
La fracture entre ville et campagne
Les grandes villes africaines ne sont attractives que depuis quelques années, ce qui a renforcé le délitement de la solidarité familiale. Peu d’adultes actifs trouvent le temps de s’occuper de leurs aînés, souvent isolés en milieu rural. La culture du village reste très prégnante dans toute l’Afrique : les seniors, même s’ils ont vécu et travaillé en ville, se retirent souvent à la campagne à la fin de leur carrière. Seulement, en-dehors des villes, difficile d’accéder aux soins et à la prévention.
Autre phénomène : l’arrêt de l’activité professionnelle n’est pas marqué, et ce sur tout le continent. Généralement, ce sont les conditions de santé, et non l’âge, qui motivent le retrait du marché du travail. De plus, après 60 ans, beaucoup de parents ont toujours des enfants à charge ou en insertion professionnelle et choisissent donc de poursuivre leur activité le plus tard possible.
La place des personnes dépendantes dans les familles
Malgré la baisse de l’autonomie et l’isolement des personnes âgées en milieu rural, un certain nombre de familles résistent à la tendance et choisissent de renforcer les liens avec leurs aînés. Traditionnellement, l’avancée en âge est synonyme de sagesse dans toute l’Afrique. Amadou Hampâté Bâ, ethnologue malien, a d’ailleurs longtemps défendu la transmission orale assurée par les personnes âgées et déclaré : “En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle”. Beaucoup de charges familiales reposent sur les seniors, qui assument leurs rôles d’éducateurs jusqu’à ce que leur état de santé ne le permette plus.
Les familles les plus aisées peuvent recourir à des services spécifiques pour leurs proches dépendants, comme les auxiliaires de vie ou les maisons de retraite. En revanche, il n’existe pas de système d’aides proposées aux ménages plus modestes pour faire face à l’avancée en âge de leurs parents. La cohabitation est donc encouragée, afin que les personnes âgées, même dépendantes, gardent leur place au sein de la famille.
Pour aller plus loin : Figure de la vulnérabilité : enjeux éthiques de la vieillesse en Afrique